Peintresse néerlandaise
Née le 28 juillet 1609 à Haarlem, décédée le 10 février 1660 à Heemstede, à l'âge de 50 ans.
Judith Leyster est une peintresse flamande très reconnue au 17ème siècle, spécialisée dans la représentation des scènes de la vie quotidienne et les portraits.
Leyster est l’une des rares peintresses de son époque à naître dans une famille pauvre et sans lien avec le milieu artistique. Elle est la huitième enfant de Jan Willemsz et Trein Jaspersd, un couple dont la brasserie est en faillite. C’est peut-être pour aider financièrement ses parents que la jeune femme commence un apprentissage. Son talent est reconnu très rapidement et on l’accepte à 24 ans dans la prestigieuse guilde de St Luc de Haarlem, où peu de femmes sont autorisées à entrer. En 1635, elle reçoit le titre de maître(sse !) ce qui l’autorise à donner des cours et à posséder son propre atelier.
Elle se marie en 1636 avec le peintre Jan Miense Maelnaer ce qui signe la fin de sa carrière. En effet, on suppose qu’elle arrête de peindre pour se consacrer à sa famille, même si elle a très certainement participé aux peintures de son mari dans l’atelier familial. Elle meurt de maladie, âgée de 50 ans.
Alors qu’elle est très connue de son temps, elle disparaît complètement de l’Histoire de l’art. Ses tableaux ne lui sont pas attribués et certaines de ses signatures, un monogramme avec ses initiales et une étoile en référence à son nom (Ley-ster renvoyant à étoile polaire) sont parfois recouvertes par de fausses signatures d’artistes masculins plus connus, comme son mari ou Franz Hals. C’était un peintre très renommé dont le style a inspiré Judith Leyster. On sait qu’elle le connaissait même si on ignore leur relation exacte. On a les traces d’un procès qu’elle a gagné contre lui car il lui avait volé un de ses apprentis mais elle le connaissait aussi plus intimement, étant sûrement une amie de sa famille. C’est l’historien d’art Cornelis Hofstede de Groot qui va redécouvrir la signature de l’artiste en 1893. A la suite de sa publication sur Judith Leyster, on ré-attribue plusieurs de ses œuvres à la peintresse.
Si on reconnait son œuvre, on a longtemps présenté Leyster comme une simple copieuse de Franz Hal. Cet extrait, publié en 1929 dans un chapitre présentant l’artiste, en témoigne bien : « Les femmes peintres, comme chacun le sait, imitent toujours l’œuvre d’un homme ... Mais elles peuvent parfois d’elles-mêmes apporter quelque chose de plaisant dans leurs pastiches ... (Wilenski An Introduction of Dutch Art). La présentation actuelle du tableau La Joyeuse compagnie (1630) sur le site du Louvre, le décrivant comme « Tableau fortement influencé par Frans Hals » entretient de même cet apriori discriminant.
En tout 7 tableaux de Judith Leyster ont été attribués à Frans Hals.
Il est évident que l’artiste ne propose pas une production nouvelle et originale et s’inspire, comme le font ses contemporains et contemporaines, des artistes et mouvements importants de son époque : Franz Hal, qui représente des scènes de beuveries joyeuses ou l’école des ténébristes d’Utecht, qui s’inspire des clair-obscur très contrastés de Caravage par exemple. Mais on ne peut pas résumer l’art de Judith Leyster à cela.
Elle réalise en 1630 un autoportrait très intéressant. Elle se représente au travail, pinceau et palette en main, l’air assurée et confiante avec un large sourire et un regard frontal. Elle peint cet autoportrait à un moment où elle est reconnue pour son œuvre et se met en scène comme une artiste qui connait son talent et le revendique. Sa position est originale, elle se tourne vers nous, accueillante, comme si on venait d’entrer dans son atelier et qu’elle allait nous saluer.
Elle se présente donc comme femme artiste, et renouvelle aussi certaines représentations des artistes femmes. Dans son tableau La proposition, une vieil homme offre de manière insistante de l’argent à une jeune femme qui se concentre sur sa couture, en se penchant vers elle et lui tenant le bras. Des historiennes de l’art expliquent qu’à cette époque, on représente très souvent les femmes comme des créatures vénales, toujours prêtes à mettre la main sur la bourse des hommes, ce qui permet également aux peintres de mettre un sous-entendu sexuel. Ici, l’artiste s’oppose à ce cliché en soulignant la dignité de la femme, qui refuse tout contact visuel avec l’homme et dont la vertu est soulignée par son activité minutieuse et sa tenue très modeste.
Marine Laboureau
Etudiante en Histoire de l’Art à l’Université Lyon II,
en stage chez Si/si au printemps 2020
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1- Autoportrait (vers 1630) © National Gallery of Art, Washington - 2 - La Joyeuse Compagnie (1630) © Musée du Louvre, Paris - 3 - La Proposition (1631) © Royal Picture Gallery, Mauritshuis, La Haye - 4 - Le joueur de flûte (vers 1630) © Nationalmuseum, Stockholm - 5- Vue de Harlem (vers 1650) © Rijksmuseum, Amsterdam
Monogramme de Judith Leyster
(ster, signifie "étoile" en néerlandais)