Syndicaliste et résistante française
Née le 10 avril 1919 à Royan, décédée le 8 mai 2020 à Monteaux, à l’âge de 101 ans.
Cécile Rol-Tanguy naît Cécile Le Bihan dans une famille communiste, très engagée, son père François Le Bihan, syndicaliste, est un des co-fondateurs du Parti communiste français.
Formée au cours Pigier de sténodactylo, elle travaille en novembre 1936 au Syndicat des métaux CGT de la région parisienne, où elle rencontre Henri Tanguy. Elle grandit avec le militantisme paternel, mais son engagement personnel est lié aux luttes sociales et antifascistes des années 1930. En 1936 elle adhère à l’Union des jeunes filles de France fondé entre autres par Danielle Casanova et Marie-Claude Vaillant-Couturier. Puis, en 1938, elle adhère au Parti communiste. Elle devint la marraine de guerre d’Henri Tanguy, avec qui elle se marie en 1939.
En 1940, alors qu'elle est sans nouvelle de son mari - le Colonel Rol-Tanguy, alors prisonnier de guerre, et qui deviendra le chef des FFI (Forces françaises de l'intérieur) d'Île de France -, que son père vient d'être arrêté - il sera déporté à Auschwitz où il mourra en 1942 - et qu'elle vient de perdre sa petite fille de 7 mois, elle s'engage dans la Résistance. "Je n'avais plus rien, mon père avait été arrêté, mon mari, je ne savais pas où il était, et j'avais perdu ma petite fille. Qu'est-ce qui me retenait ? Je rentrai dans la Résistance. Ça m'a aidé. Ça m'a apporté quelque chose." Dactylo syndicaliste avant la guerre, elle met ses compétences au service de la lutte contre le fascisme en tapant tracts et articles de journaux clandestins. Quand Henri Rol-Tanguy rentre en France et s'engage à son tour dans la Résistance, elle devient également son agente de liaison, œuvrant pour les FTP (Francs Tireurs et Partisans) et les FFI. Elle n'hésite pas à transporter des documents secrets et des armes dans la poussette de ses enfants, Hélène et Jean né.e.s en 1941 et 1943. "C’était plus facile de mettre un revolver ou une mitraillette dans un fond de landau ! Mais je n’étais pas la seule, on prenait ce qu’on avait sous la main !". Dans la nuit du 18 au 19 août 1945, c'est elle qui tape à la machine le tract appelant les parisiens et les parisiennes à prendre les armes : " « Aux patriotes aptes à porter des armes. (…) La France vous appelle ! Aux armes, citoyens ! ». "Quand je vais au musée du général Leclerc à Montparnasse et que je vois certains documents, je me dis ‘Ah c’est moi qui les ai tapés !"
Et durant toute la Libération de Paris, elle est aux côté d'Henri Rol-Tanguy qui supervise les opérations, le couple est installé dans les catacombes sous la Statue du Lion de Denfert-Rochereau. Elle est reçue par le général de Gaulle, le 27 août 1945 en même temps qu'une vingtaine de chefs de la Résistance parisienne. Si c'est surtout à son mari que l'Histoire qui invisibilise les femmes s'est intéressé, lui-même a déclaré : "Sans, elles (les femmes) la moitié de notre travail eut été impossible."
Elle dit dans une interview : «Je n’étais pas derrière lui, mais bien à ses côtés.»
Cécile Rol-Tanguy a toute sa vie témoigné de ce qu'a été l'Occupation et la Résistance, en insistant sur l'importance du rôle des femmes, déplorant qu'elles soient oubliées (voir citation ci-contre).
Elle décède, de façon flamboyante, le 8 mai 2020, jour de commémoration de la victoire des Alliés sur le nazisme.
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"Cela m’émeut de voir qu’on a beaucoup oublié les femmes (…) Avec ma dernière nomination pour la Légion d’honneur, j’ai considéré que je représentais toutes les femmes qui n’avaient rien eu."
Cécile Rol-Tanguy
Entretien, France 24, 2014