Femme de lettres et philosophe française
Née autour du 6 octobre 1565 à Paris, décédée le 13 juillet 1645 à Paris, à l’âge de 79 ans.
Marie de Gournay est une femme de lettres et philosophe connue essentiellement — quand on la connaît — en tant qu’éditrice de la dernière version des Essais de Montaigne qui en avait fait « sa fille d’alliance » et lui a légué une partie de sa bibliothèque. Cependant en jetant un coup d’œil rapide à la liste des œuvres de Marie de Gournay (ci-contre) qu’elle est l’autrice de beaucoup d’autres écrits : poèmes, traductions du latin, essais et pamphlets.
Marie de Gournay naît dans une famille noble, mais pas très riche. Malgré ses évidentes facilités intellectuelles et son goût pour les livres, enfant elle ne se voit proposer comme apprentissage que le catéchisme et la couture, si bien qu’à l’âge de 11 ans, elle décide de quitter, dit-elle, la voie tracée pour « son Sexe » celle de « la quenouille » et se met à apprendre le latin et le grec toute seule, en comparant les textes et leurs traductions ! Le travail du rouet étant réservé aux femmes, le mot « quenouille » avait fini par désigner les femmes elles-mêmes.
Marie de Gournay passe son enfance et sa jeunesse dans un château où il y a une vaste bibliothèque. Et vers l’âge de 18 ans, elle tombe sur les Essais de Montaigne, qui dit-elle la « transporte d’admiration ». Elle le rencontre l’année de ses 23 ans, (lui en a 55) et entretient avec lui une importante correspondance. A la mort de Montaigne, quatre ans après leur rencontre, elle est chargée par Françoise de Montaigne, la veuve du philosophe, de ré-éditer les Essais que Montaigne avait annotés et corrigés pour partie avec Marie de Gournay lors de leurs quelques rencontres et dont il s’était entretenu avec elle par lettres.
Marie de Gournay se fait dès lors une place d’érudite et de femme de lettres, Richelieu lui octroie une petite pension royale. Mais elle est sans cesse attaquée et calomniée en raison de ses idées, Marie de Gournay revendique une égalité totale entre les sexes.
En 1622, elle publie Égalité des hommes et des femmes, qu’elle commence en disant : « La plupart de ceux qui prennent la cause des femmes, contre cette orgueilleuse préférence que les hommes s’attribuent, leur rendent le change entier : renvoyant la préférence vers elles. Moi qui fuis toutes extrémités, je me contente de les égaler aux hommes : la nature s’opposant pour ce regard autant à la supériorité qu’à l’infériorité. ».
S’employant à ne pas reproduire de catégories, ni de privilèges, elle ajoute « L’animal humain, n’est ni homme ni femme, les sexes étant faits non pour constituer une différence d’espèce, mais pour assurer la reproduction. Et s’il est permis de rire en passant, rien n’est plus semblable au chat sur le bord d’une fenêtre que la chatte. » .
Elle a choisi de rester célibataire, ce qui lui a été vivement reproché, elle s’est vue elle aussi taxée de vieille fille et de puritaine. En 1626, elle publie Le Grief des Dames, elle y parle de la condition particulière des femmes de lettres jugées sans même être lues.
Lisons donc Marie de Gournay (on aimerait d'ailleurs qu'il y ait une édition de ses œuvres complètes…) !
En savoir +
"On défend aux femmes toute action de haute volée, tout jugement, et toute parole de spéculation exquise.
Non seulement le vulgaire des lettrés bronche contre le sexe féminin, mais parmi ceux qui ont acquis quelque nom aux lettres en notre siècle, on en a connu qui méprisaient absolument les œuvres des femmes, sans se daigner amuser à les lire pour savoir de quelle étoffe elles sont."
Grief des dames (1626)
Marie de Gournay
A lire
Œuvres de Marie de Gournay
avant 1588 : un sonnet et une ode dans les « Regrets funèbres sur la mort d'Aymée ». In Œuvres de Pierre de Brach (Le Tombeau d'Aymée)
1594 : Le Proumenoir de Monsieur de Montaigne
1595 : Préface des Essais de Michel, seigneur de Montaigne, in Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne
1595 : Hommage en prose à Jean de Sponde, dans Response du Feu Sieur de Sponde…
1598 : Préface sur des Essais de Michel, seigneur de Montaigne, in Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne
1608 : Bienvenue de Monseigneur le duc d'Anjou
1610 : Adieu de l'Ame du Roy de France et de Navarre Henry le Grand, avec la Défense des Pères Jésuites
1619 : Versions de quelques pièces de Virgile, Tacite, Salluste, avec L'Institution de Monseigneur, frère unique du Roy (comprend également un « traicté sur la Poësie »).
1620 : Eschantillons de Virgile
1620 : deux poèmes dans Les Muses en deuil
1621 : Traductions. Partie du Quatriesme de l'Eneide, avec une oraison de Tacite, et une de Salluste
1622 : Égalité des Hommes et des Femmes
1624 : Remerciement au Roy
1626 : L’ombre – œuvre composée de mélanges – L’homme est l’ombre d’un songe & son œuvre est son ombre qui comprend : De l'éducation des Enfans de France - Naissance des Enfans de France - Exclamation sur l'assassinat deplorable de l'année 1610 - Adieu de l'ame du Roy à la Reyne Regente son espouse - Priere pour l'ame du mesme Roy, escrite à son trépas - Gratification à Venise sur une victoire - Institution du Prince - Du langage François - De la medisance - Des fausses devotions, Si la vangeance est licite - Antipathie des ames basses et hautes - Consideration sur quelques contes de Cour - Advis à quelques gens d'Église - Que les grands esprits et les gens de bien s'entrecherchent - De la neantise de la commune vaillance de ce temps et du peu de prix de la qualité de Noblesse - Que l'integrité suit la vraye suffisance - Sur la version des Poètes antiques, ou des Metaphores - Égalité des hommes et des femmes - Chrysante, ou convalescence d'une petite fille - Des Vertus vicieuses - Des Rymes - Des diminutifs François - Des grimaces mondaines - De l'impertinente amitié - Des sottes ou presomptives finesses - Grief des Dames - Défense de la Poësie et du langage des Poètes - Advis sur la nouvelle edition du Promenoir - Promenoir - Apologie pour celle qui escrit - Lettre sur l'art de traduire les Orateurs - Version d'une Oraison de Tacite - Version d'une Oraison de Salluste - Epistre de Laodamie traduicte d'Ovide - Seconde Philippique de Ciceron traduicte - De la façon d'escrire de Messieurs du Perron et Bertault, qui sert d'Advertissement sur les Poesies de ce volume - Partie du Premier de l'Æneide, commençant où monsieur le Cardinal du Perron acheve de le traduire - Second de l'Æneide traduict - Partie du Quatriesme de l'Æneide, commençant comme dessus après monsieur le Cardinal, Bouquet de Pynde, composé de fleurs diverses - Si ce Livre me survit…
1628 : trois poèmes, in Recueil de plusieurs inscriptions proposées pour remplir les Tables d'attente estans sous les statues du Roy Charles VII et de la Pucelle d'Orléans...
1634 : Les Advis ou les Presens (ajoute à L'Ombre : Discours sur ce livre à Sophrosine, Oraison du Roy à S. Louys durant le siège de Rhé, Première delivrance de Casal, De la témérité et la traduction du VIe livre de l'Énéide).
1635 : un poème, in Le Sacrifice des Muses
1635 : un poème, in Le Parnasse royal
1641 : réédition des Advis
1642 : deux épigrammes, in Le Jardin des Muses
1644 : une épigramme, in L'Approbation du Parnasse qui précède Les Chevilles de Me Adam Menuisier de Nevers