Femme de lettres et femme politique française
Née le 7 mai 1748 à Montauban, morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris, à l'âge de 45 ans.
Femme politique et femme de lettres française. Pionnière du féminisme.
Née Marie Gouze, elle s’invente le nom d’Olympe de Gouges, inspiré sans doute du prénom de sa mère (Anne-Olympe Mouisset) et la particule du marquis Lefranc de Pompignan, l’homme de lettres dont elle est la fille illégitime. Officiellement elle est la fille du mari de sa mère, Pierre Gouze, boucher à Montauban.
Après une enfance pauvre et sans éducation, elle est mariée à Louis-Yves Aubry, de plusieurs années son aîné, dont elle a un fils à 17 ans et qui la laisse veuve quelques mois plus tard. C’est la liberté. Liberté qu’elle refusera de plus jamais perdre en s’opposant à toute proposition de mariage et en refusant de se faire appeler Veuve Aubry. Position qui, accompagnée d’une beauté saluée par tous et d’une vie amoureuse riche en partenaires, lui vaudra d’être traitée par ses contemporains et par l’Histoire de courtisane. En outre, elle sera injustement inscrite sur la « Liste des prostituées de Paris » de Restif de la Bretonne.
Bien qu’on l’en dissuade, elle se cultive, fréquente écrivains et philosophes et sympathise avec les idées pré-révolutionnaires. Elle se métamorphose peu à peu en femme de lettres. Maîtrisant mal l’écrit (enfant, si elle semble appris à lire, elle sait mal écrire), elle dicte ses textes et se lance dans le théâtre, au moins 42 pièces en une dizaine d’années.
Son théâtre milite pour l’abolition de l’esclavage, le droit au divorce, combat les mariages forcés, l’emprisonnement pour dette et prône la citoyenneté des femmes.
Ses détracteurs sont nombreux, mais insensible à la critique et d’une audace hors pair, elle placarde les murs de Paris de réponses à ses adversaires :
« La littérature est une passion qui porte jusqu’au délire. Cette passion m’a constamment occupée pendant dix années de ma vie. Elle a ses inquiétudes, ses alarmes, ses tourments, comme l’amour… Mais il m’a pris fantaisie de faire fortune, je veux la faire et je la ferai. Je la ferai en dépit des envieux, de la critique et du sort même. »
La Révolution est en route et elle se tourne vers la politique. En novembre 1788, le Journal Général de France publie sa première brochure.
Ses textes fourmillent d’idées novatrices : assistance sociale, refuges pour vieillards ou pour enfants, statut des enfants abandonnés ou illégitimes, éducation des filles, assainissement des hôpitaux, propreté des rues, elle imagine même un impôt sur le luxe !
En 1791, elle rédige le texte qui la fait passer à la postérité : la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, dans laquelle elle demande l’égalité de tous les droits pour toutes les femmes.
Son appel à l’égalité est moqué ou ignoré et elle déplore le manque de solidarité féminine :
« Les femmes veulent être femmes et n’ont de plus grands ennemis qu’elles-mêmes. Rarement on voit les femmes applaudir l’ouvrage d’une femme. ».
Elle est pourtant soutenue par plusieurs salonnières, dont la femme de lettre Madame de Montesson.
En octobre 1793, la Convention interdit tout rassemblement féminin, mettant fin aux clubs de femmes, mais, en juillet, on a déjà fait taire Olympe de Gouges en l’emprisonnant, elle s’en était prise à Robespierre, avait dénoncé la tyrannie et les atteintes portées aux droits et aux libertés, elle condamnée à mort.
La tête rasée, comme tous les futur.e.s guillotiné.e.s, elle monte sur l’échafaud le 3 novembre en criant :
« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! ».
Nous espérons le faire en honorant sa mémoire.
A noter : Un buste d'Olympe de Gouges a été installé à l'Assemblée Nationale le 19 octobre 2016.
En savoir +
"La femme a le droit de monter à l'échafaud,
elle doit avoir celui de monter à la tribune."
« Homme, es-tu capable d’être juste ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? »
Olympe de Gouges
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne