Résistante française
Née le 8 novembre 1909 à Marseille, décédée le 20 juillet 1989 à Paris, à l’âge de 79 ans.
Les femmes ont été nombreuses dans la Résistance, mais Marie-Madeleine Fourcade, parmi les les rares françaises à avoir dirigé un réseau, est celle qui a dirigé plus grand : Alliance.
On peut faire avancer la cause des femmes sans être féministe, contribuer au progrès sans être progressiste, défendre au péril de sa vie la République. Ainsi fut Marie-Madeleine Fourcade, jeune catholique élevée au couvent des Oiseaux, chroniqueuse de mode avant la guerre, cheffe d’un des principaux réseaux de la Résistance pendant toute la guerre, une des rares dans ce cas en Europe avec la Belge Andrée de Jongh. Après la guerre, elle dédie sa vie aux œuvres sociales de la Résistance, devient une figure du mouvement gaulliste et une active militante de la Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme.
Née Marie-Madeleine Bridou, elle est mariée avant sa majorité au futur colonel Edouard Méric. Menant dès lors une vie très indépendante, elle travaille comme journaliste et collabore avec l’écrivaine Colette à une émission de radio parisienne.
Le couple se sépare quand Edouard Méric se voit muté aux Affaires Indigènes du Maroc.
En 1936, elle rencontre deux camarades de son beau-frère Georges Georges-Picot, qui était officier supérieur : Charles de Gaulle et Georges Loustaunau-Lacau. Elle accepte une proposition de travail de ce dernier.
C'est sous le nom de Méric qu'elle apparait dans les documents de la Seconde Guerre mondiale. Elle prendra le nom de Fourcade en 1947 après son remariage avec Hubert Fourcade, nom sous lequel elle publiera en 1968 l’histoire de son réseau sous le titre « L’Arche de Noé ».
Marie-Madeleine Fourcade succède au commandant Loustaunau-Lacau, fondateur du réseau Alliance en 1940, après son arrestation par la police de Vichy en juillet 1941.
Dès lors, elle est « Hérisson » dans le réseau, et le commandant Léon Faye, « Aigle », en est le chef militaire, et son plus fidèle adjoint. Elle relance une activité de renseignements, signalant, les ports, les bases de sous-marins, les aérodromes ennemis ainsi que les bases de lancement des V1 et V2. Le réseau Alliance jouera un rôle essentiel dans la bataille de l’Atlantique et la préparation du débarquement de Normandie.
Partie en Lysander à Londres le 18 juillet 1943, elle participe à l'intégration d'Alliance dans les services du général Giraud, puis dans l'organisation par le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA) au printemps 1944. Elle rentre en France à la veille du débarquement des troupes alliées en Provence en Août 1944 pour reprendre en main le réseau qui a été décimé. Elle est arrêtée à Aix-en-Provence par la Police française, parvient à s'évader. Elle participe ensuite avec son réseau à l'avance des troupes alliées.
Le Général De Gaulle dira du Réseau Alliance qu'il était « L’un des plus importants services de renseignements sous l’occupation ».
Travaillant en étroite collaboration avec les services de renseignement Anglais (le MI6) vaudra au réseau Alliance d’être qualifié par le Roi George VI comme « Notre plus grande organisation indépendante de renseignements opérant en France. »
La Seconde Guerre mondiale terminée, elle continue à assurer ses responsabilités de chef de réseau. En 1945, elle crée et prend la présidence de l'Association Amicale Alliance. Elle se charge alors de l'homologation de ses 3 000 agents, survivants ou disparus : elle est ainsi chargée de dresser les listes d'agents, d'en authentifier les actions, et de leur attribuer des qualifications, comme P2, P1 ou O, de demander des pensions, des décorations, d'enquêter, de collecter des archives, des témoignages pour le "Mémorial de l'Alliance". « Tout de suite, dans l'après-guerre, s'est imposé un problème dramatique, celui des femmes de résistants auxquelles n'étaient reconnu aucun statut.
Elle préside le Comité d'action de la Résistance (C.A.R.) à partir de décembre 1962 ainsi que le jury d'honneur de Maurice Papon en 1981.
Ce Jury d'honneur composé de cinq anciens résistants, Marie-Madeleine Fourcade, Jean-Pierre Bloch, Daniel Meyer, le Père Riquet et Charles Verny, rend le 15 décembre « donne acte à M. Papon de ce qu'il fut bien été affilié aux Forces françaises combattantes à compter du 1er janvier 1943 et attributaire de la carte du combattant volontaire de la Résistance. » Il ajoute cependant qu'en restant en fonctions à la préfecture de Gironde, Maurice Papon fut mêlé de ce fait « à des actes contraires à l'honneur », notamment d'avoir contribué à des arrestations et déportations, et il estime que ce dernier aurait dû démissionner en 1942. Le 19 janvier 1983 Maurice Papon est inculpé de crimes contre l'humanité.
Vice-présidente de l'Union Internationale de la Résistance et de la Déportation depuis 1960 et de l'Association nationale des médaillés de la Résistance (depuis 1947), membre de la LICRA, Marie-Madeleine Fourcade est députée européenne (1981-1982) et préside en 1982 la Défense des intérêts de la France en Europe. Ses derniers combats concernent le règlement de la crise Libanaise d'une part, et le procès Klaus Barbie à Lyon d'autre part.
Elle est commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de la médaille de la Résistance (avec rosette), croix de guerre française avec palmes, croix de guerre belge avec palme, officier de l’ordre de l’Empire Britannique (OBE) et de l'ordre de Léopold.
Marie-Madeleine Fourcade est décédée le 20 juillet 1989 à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Le gouvernement français et les derniers survivants du réseau lui rendent un hommage solennel le 26 juillet à l'occasion de ses obsèques en l'église Saint-Louis-des-Invalides et de son inhumation au cimetière du Père-Lachaise à Paris (division 90).
Elle était mère de cinq enfants.
La place Marie-Madeleine-Fourcade à Paris, lui rend hommage.
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