Reine-pharaon égyptienne
Née à Thèbes entre - 1508 et – 1495, décédée vers 1457 avant notre ère.
Hatchepsout est la seule reine de l’Egypte antique qui est couronnée pharaonne et seule à porter les attributs de pouvoir habituellement masculins.
Son père est le pharaon Toutmosis I et sa mère la grande épouse royale Ahmès. Ils lui donnent une éducation très poussée, habituellement réservée aux princes, car elle a sans doute témoigné d’une grande intelligence. Le pharaon, selon la coutume, marie Hatchepsout à son demi-frère Toutmosis II, qui va devenir le prochain pharaon. Très probablement faible
de corps et d’esprit, la vivacité d’Hatchepsout permet de compenser les défauts de Toutmosis II.
Le père d’Hatchepsout meurt, et le mari d’Hatchepsout le remplace. Ce dernier meurt à son tour après presque 13 ans de règne, et c’est son fils, issu d’un mariage secondaire, Toutmosis III qui est couronné. Comme il a seulement 5 ans, Hatchepsout sa belle-mère qui est toujours reine, devient la régente du royaume, c’est-à-dire qu’elle gouverne l'Egypte en attendant que le jeune pharaon soit suffisamment mature pour régner.
Progressivement, elle va abandonner son statut de régente pour s’affirmer comme reine-pharaon. Il faut noter qu’elle n’usurpe pas leur trône, puisqu’elle ne renie pas la position royale de Toutmosis III. Au lieu d’une co-régence, on parle de co-royauté ce qui implique que la souveraine et le souverain sont à égalité, et qu’Hatchepsout ne devra pas laisser son pouvoir quand Toutmosis sera suffisamment âgé pour régner. La pharaonne justifie son droit au trône expliquant qu’elle descend directement des dieux. Sur les murs de son temple, à Deir el Bahari, elle raconte son histoire. Le dieu Amon aurait rejoint la couche de sa mère et leur union aurait donné naissance à Hatchepsout. Elle se représente aussi étant allaitée par Hator, la déesse de l'amour, de la beauté, de la musique, de la maternité et de la joie.
D’après les iconographies, les deux pharaons coexistent pacifiquement : ils sont représentés côte à côte, même si Hatchepsout est le plus souvent placée devant le roi. Cependant, à la mort d’Hatchepsout, qui a régné pendant une vingtaine d’années, Toutmosis organise une damnatio memoriae. Il va chercher à effacer toutes les traces qu’a laissé la souveraine pour la faire disparaître de l’Histoire. Il détruit ses sculptures, efface son nom et son visage des parois des bâtiments. Il remplace parfois le nom ou le visage d’Hatchepsout par le sien, en faisant re-sculpter ou re-graver des objets. Le nom d’Hatchepsout est oublié jusqu’au 19ème siècle.
En 1829, Champollion, archéologue connu pour avoir aider à déchiffrer l’écriture des hiéroglyphes, fouille les ruines du temple Deir El Bahari. Il découvre qu’une souveraine est mentionnée dans un des textes retrouvés dans les décombres, mais on ignore toujours son nom. Trente ans plus tard, l’archéologue François Mariette trouve enfin le nom d’Hatchepsout sur les parois de son temple et depuis, les fouilles archéologiques du temple de la reine et des autres bâtiments qu’elle a fait construire pendant son règne continuent de révéler des informations sur cette pharaonne.
Elle a eu un règne riche et pacifique, ce qui a favorisé le développement des arts, du commerce et des progrès scientifiques. On retient surtout une expédition, qu’elle a organisé dans le pays de Pount qu’on situe aujourd’hui au sud de l’Egypte, le long des côtes ouest de la mer rouge. Cette expédition avait pour but de ramener des arbres à encens, nécessaires au culte des dieux, mais qui ne poussaient pas sous le climat égyptien. L’expédition est illustrée par une grande fresque sur les murs du temple d’Hatchepsout.
L’iconographie de la pharaonne est très intéressante. Au départ représentée en princesse ou épouse royale, elle est parée de tous les attributs féminins. Mais pour affirmer son pouvoir, elle va se faire représenter avec les attributs des pharaons, c’est-à-dire des attributs masculins. Les représentations d’Hatchepsout seront donc totalement nouvelles, des hybrides entre féminin et masculin, car elle gardera toujours une dimension féminine. Par exemple, elle fait utiliser la couleur jaune dans ses statues, un code pour représenter les individus féminins. Elle se fait aussi sculpter avec des traits plutôt fins ou elle utilisait des termes féminins, « la » pharaon, pour se désigner.
Marine Laboureau
Etudiante en Histoire de l’Art à l’Université Lyon II,
en stage chez Si/si au printemps 2020
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1- Détail de la chapelle rouge à Karnak dans le temple d’Amon, montrant Hatchepsout et Thoutmosis III régnant ensemble. 2 - Fragment d’une statue d’Hatchepsout (portant des attributs féminins, (18ème dynastie -1550/-1292) © Museum of Fine Art, Boston. 3 - Fresque du temple d’Hatchepsout à Deir El Bahari, portant des traces des destruction témoignant de la damnatio memoriae qu’a subi Hatchepsout. 4 - Sphinx d’Hatchepsout (18ème dynastie -1550/-1292) © Metropolitan Museum of Art, New York. 5 - Large statue agenouillée d’Hatchepsout portant les vases nou (portant des attributs de pouvoir masculin : la couronne blanche de haute Egypte, la barbe postiche, le pagne court), (18ème dynastie -1550/-1292) © Metropolitan Museum of Art, New York.