Médecin et résistante française
Née le 18 février 1908 à Saint-Etienne, décédée le 9 février 1991 à Martigues, à l'âge de 82 ans.
Alice Joly Vansteenberghe est la fille d'un couple d'instituteurs, Marguerite et Georges Léopold Joly. Son père revient mutilé de la Première Guerre mondiale ce qui vaudra à Alice d'être pupille de la Nation, tandis que ça mère, Marguerite Joly obtient la Légion d'honneur en 1934 et se présente aux élections municipales, en 1935, à Villeurbanne pour défendre le droit de vote des femmes (qui ne l'obtiendront qu'en 1944…)
Alice fait des études de médecine à l'Université de Lyon d'où elle sort avec un double diplôme de médecin et de sage-femme.
En 1929, elle épouse André Vansteenberghe, étudiant en médecine comme elle. En 1932, le couple s'installe à Villeurbanne dans le quartier des Gratte-Ciels en pleine construction (il sera achevé en 1934).
Alice et André installe chacun leur cabinet dans le grand appartement qu'ils habitent 3, place Aristide Briand. Alice Joly Vansteenberghe ouvre aussi un dispensaire au Palais du Travail où elle reçoit femmes enceintes, mères et enfants. Durant l'année 1934, elle propose également une consultation une fois par semaine au Jardin des Tout-Petits dans la quartier de la Ferrandière créé par Pauline Lafont, philanthrope, épouse d'Adolphe Lafont (fabriquant de vêtements de travail dont l'usine et la maison sont à Villeurbanne).
Alice Joly Vansteenberghe, comme son mari, adhérent au Parti communiste et à la franc-maçonnerie à la fin des années 1930. Alice intègre la Loge "Évolution et Concorde" connue pour ses idées humanistes.
C'est tout naturellement que le couple met son appartement à la disposition de la Résistance, Jean Moulin y séjourne en mai 1942. L'engagement d'Alice dans la Résistance va prendre différentes formes, elle sera agente de liaison, fabriquera des faux certificats pour les réfractaires au STO et deviendra officier adjointe avec le grade de lieutenant du colonel Bernheim, chef du réseau RP Gallia et chef du Service de Renseignement militaire du Mouvement de Libération Nationale (Combat). Le couple surveillé par la la Gestapo entre dans la clandestinité en 1944.
Alice qui se fait appelée Geneviève Prunier ou Yvonne Mourier dans la Résistance prend le poste de chef départemental sanitaire de l’armée secrète. Elle est arrêtée Place Gailleton dans le 2e arrondissement de Lyon et immédiatement épouvantablement torturée par Klaus Barbie. Bien qu'elle perde connaissance, elle a le réflexe d'enregistrer mentalement une particularité physique de son bourreau, il a des plicatures particulières à l’oreille gauche. Ce détail lui permettra d'identifier "Le boucher de Lyon" lors de son procès en 1983, au cours duquel son témoignage sera capital. Si elle échappe de peu à la déportation, les alliés la libère de la prison de Montluc le 24 août 1944 les cinq vertèbres brisées par Barbie lors de ses "interrogatoires" lui valent d'être handicapée pour le restant de ses jours. Ce qui ne l'empêchera pas cependant de continuer à exercer son métier et s'engager pour les droits humains.
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"C'était la guerre. J'étais dans la Résistance et j'avais pris mes risques. Mais les crimes contre l'humanité ! L'avilissement de la personne humaine ! Manger par terre ne correspond pas aux valeurs de notre civilisation. "
Extrait/Témoignage au Procès Barbie (juin 1987)
Alice Joly-Vansteenberghe