Chimiste africaine-américaine
Née le 24 juillet 1892 à Seattle, décédée le 31 décembre 1916 à Seattle, à l’âge de 24 ans.
Alice Ball est l'inventrice, en 1915, du traitement le plus efficace contre la lèpre avant la découverte du traitement antibiotique en 1940.
Alice Ball naît à Seattle, en 1892, dans une famille africaine-américaine de la classe moyenne, ses deux parents, James Presley Ball et Laura Ball, sont tous les deux photographes, son père est également avocat.
Son grand-père, James Ball était un photographe renommé, premier photographe africain-américain a utilisé le daguerréotype, procédé photographique qui met en jeu une réaction chimique entre l'argent et des vapeurs d'iode. Alice Ball a sans doute commencé tôt à s'intéresser à la chimie en observant ses parents et son grand-père travailler. Élève brillante, elle s'engage dans des études de chimie appliquées à la pharmacie et accumule les diplômes en chimie et en pharmacie. Elle signe, fait rare pour une femme, un article scientifique de 10 pages dans le renommé Journal of the American Chimical Society sur l'acide benzoïque.
Elle se lance dans une thèse portant sur l'identification des composants actifs de la kava (plante médicinale) à l'Université d'Hawaï, où elle a été recrutée en 1914. Parallèlement à cette thèse, elle enseigne et mène des recherches sur la lèpre. Travailleuse infatigable, elle met au point en un an un traitement injectable contre la lèpre qui, sans être à tout coup curatif, va s'avérer très efficace. Jusque-là les seuls traitements étaient cutanés et très peu opérants. Dans la majorité des cas, on isolait les patient·es atteint·es de la lèpre en attendant leur mort. Sur l'île d'Hawaï où la lèpre sévissait de façon importante, Alice Ball pu constater à quel point, la diffusion de la maladie et l'abandon des malades étaient liés à leur statut social et à leur couleur de peau.
Mais durant ses recherches, Alice Ball tombe malade, sans qu'on sache si elle contracte la tuberculose ou si elle est intoxiquée par des émanations de gaz chimiques (chlorine). Elle rentre à Seattle où elle meurt quelques mois plus tard, à l'âge de 24 ans, sans avoir eu le temps de publier aucun article sur son traitement, appelé la "Ball Method" par le Professeur Harry T. Hollmann, son directeur de recherches.
Cependant, Arthur L. Dean, le directeur de l'Université va s'approprier le travail d'Alice Ball, affirmant avoir développé et amélioré la Ball method et il la diffusera à grande échelle, renvoyant Alice Ball dans les oubliettes de l'Histoire.
La maternité de ses recherches et de sa découverte ne lui sera rendue qu'en 1977 grâce aux travaux de Kathryn Takara et Stanley Ali.
Cependant dès 1922, le Professeur Harry T. Hollmann avait affirmé dans son ouvrage "The Fatty Acids of Chaulmoogra Oil in the Treatment of Leprosy and Other Diseases" qu'il ne voyait aucune amélioration dans la méthode de Dean par rapport à celle de Ball.
En 2000, une plaque commémorative est inaugurée à l'Université d'Hawaï qui en même temps instaure le "Alice Augusta Ball Day" fêté les 29 février sur le campus en son honneur. En 2007, l'Université la décorera à titre posthume, puis créera une bourse à son nom pour soutenir la recherche en chimie.