Femme de lettres et journaliste martiniquaise
Née le 12 octobre 1896, Saint-Pierre, en Martinique, décédée le 16 février 1985 à Fort-de-France, à l’âge de 89 ans
Première femme noire à étudier à la Sorbonne et première femme noire journaliste à Paris.
Ainée de 7 sœurs, qui seront toutes diplômées, son père est le premier ingénieur noir en ponts et chaussées à la Martinique, sa mère est enseignante et professeur de piano, Paulette Nardal est d'abord institutrice. En 1920, elle décide d'aller étudier à Paris, elle est la première femme noire à étudier à la Sorbonne d'où elle sort diplômée en anglais. A Clamart où elle vit avec sa sœur Jane, elle anime un salon où se rencontre un grand nombre d'intellectuel.le.s de la diaspora francophone et américanophone noire à Paris, — on y croise Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, mais aussi des personnalités du mouvement Harlem Renaissance.
Paulette Nardal y développe l'idée d'une culture noire, et de la fierté d'appartenir à cette dernière, ouvrant ainsi la voie à la notion de négritude, elle dira : « Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes » Elle collabore à différents journaux et crée en 1931, avec Léo Sajous, La Revue du monde noir, bilingue français et anglais. Faute de moyens, la revue ne durera que 8 numéros. Elle y publie l'important article "Eveil de la conscience de race" en 1932, dans lequel, elle met en évidence la spécificité de l'expérience féminine.
En 1939, peu après le déclenchement de la Guerre, le bateau qu’elle a pris pour rejoindre la Martinique est torpillé et coulé par un sous-marin allemand. Elle est sauvée de la noyade par une chaloupe de sauvetage mais se casse les deux rotules. Elle passe 11 mois à l’hôpital de Plymouth en Angleterre et restera handicapée pour le reste de ses jours.Dès qu’elle peut remarcher avec des béquilles, elle retourne en Martinique et donne clandestinement des cours d’anglais à des jeunes Martiniquais qui veulent rejoindre la France libre. Elle ouvre un nouveau salon littéraire qui se bat contre les idées fascistes et mobilise les femmes autour du droit de vote.
En 1944, elle crée Le Rassemblement féminin pour inciter les femmes de tous les milieux à se servir de leur droit de vote fraîchement acquis. Dans le même temps, elle fonde la revue La femme dans la cité.
Elle sera également secrétaire particulière du militant pour les droit civiques, Ralph Bunche, puis déléguée à l'ONU à la section des territoires autonomes.
NB : Dans Si la mer n'était pas bleue, Joseph Zobel, l'auteur de La rue Cases-Nègres, consacre une nouvelle à la famille Nardal.
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« Les femmes de couleur vivant seules à la métropole, moins favorisées jusqu’à l’Exposition coloniale que leurs congénères masculins aux faciles succès, ont ressenti bien avant eux le besoin d’une solidarité raciale qui ne serait pas seulement d’ordre matériel ; c’est ainsi qu’elles se sont éveillées à la conscience de race."
Paulette Nardal, Eveil de la conscience de race